Fabienne Quinsac, qui détestait les étiquettes, ne parlait pas pour
elle-même d’abstraction, mais de peinture informelle, ce qui traduisait sa
démarche : chercher, toujours chercher, et une fois qu’on a saisi quelque
chose, se servir de ce terreau pour planter et faire pousser son art
ailleurs, dans d’autres tons, sur d’autres matières, avec d’autres formes.
Les
tableaux exposés ici (ci-contre : Ascendant) donnent quelques exemples de cette versatilité qui,
bien sûr, était aussi une recherche de soi-même. Certains d’entre eux, par
leur dépouillement, prennent aujourd’hui une dimension, un sens encore
plus cru, car ils illustrent ce dont Fabienne avait fini par accepter de
s’approcher, en repoussant sa peur quasiment physique de toucher à une
sorte d’extrême sans retour.
Nul ne peut dire quelle aurait été la prochaine étape. Au-delà de
l’absence de Fabienne, voici une autre chose qui me manquera cruellement :
la surprise sans cesse renouvelée, quand je pénétrais dans son atelier, de
ses tours et détours – qui pourtant toujours finissaient par mener quelque
part en donnant un sens profond à sa création.
L’art abstrait n’est pas toujours aisé à appréhender, mais il dit bien que
s’il y a une vérité de l’être humain en tant que créateur, elle réside
dans sa liberté et sa capacité à s’affronter lui-même. Et, pour avoir vu
Fabienne évoluer depuis l’aquarelle et ce qu’elle appelait la « figuration
libre » jusqu’à ce que vous contemplez aujourd’hui, je crois que son
parcours offre une belle et grande affirmation de liberté.
F.M. |